
À l’ère où les nefs dansaient parmi les astres, l’Ordre des Chevaliers de la Couleur Infinie dépêcha ses missionnautes vers Surréalitys-426.

Sur cette planète étrange, ils firent la découverte d’un monde où le temps et l’espace se pliaient telles des lignes sur la toile d’un peintre. La boue sur cette terre était tout sauf ordinaire, et l’argile prenait vie sous forme d’œuvres d’art en constante métamorphose.

Guillaume Salvadorian, Grand Maître des Couleurs Divines, était l’Éclairé suprême qui guidait l’expédition. Sa quête perpétuelle de l’Art Absolu le conduisait à la recherche d’une source d’inspiration insaisissable, le plongeant dans des états de créativité intense entrecoupés de profondes mélancolies.
Leur exploration les avait conduits à travers des étendues de boue liquide aux reflets hypnotiques, des tours de glaise érigées comme des monuments façonnés par une main invisible et des antennes végétales qui semblaient transmettre des messages divins.
Les règles de la physique et de la logique se perdaient dans les sinuosités de l’imagination. C’était un monde où les couleurs respiraient, où les formes exécutaient une danse au rythme des pensées. La surface se réinventait sans cesse sous l’influence des mystérieuses forces de la créativité.
Au fur et à mesure de leur exploration, des membres de l’équipe commencèrent à disparaître mystérieusement. Guillaume, dans ses moments d’euphorie artistique, semblait ignorer ces disparitions, se focalisant sur ses propres créations. Puis, dans ses périodes de mélancolie, il exprimait un profond chagrin pour ces camarades disparus.
L’équipe découvrit cependant des indices troublants liant leur maître aux disparitions mystérieuses de leurs compagnons. Les amulettes abandonnées par les disparus furent retrouvées, mais Guillaume gardait ses sombres secrets pour lui-même.
À l’aurore, un soleil aux reflets impossibles jaillissait, projetant des ombres qui ondulaient sur la mélodie éthérée du vent.
En ce matin qui échappait à toute horloge, Guillaume partit seul. Il suivit un mirage qui semblait le mener vers une œuvre d’art supérieure. Son talisman, l’Épée de Création, sembla prendre vie, et il se mit à chanter des louanges à l’Art Absolu tout en sculptant le sable mouvant. Devant lui, une créature émergea des entrailles de la planète.
Cette monstruosité, telle un rocher hérissé d’horreur, était portée par une multitude de pattes qui lacéraient la boue. Son corps massif arborait une gueule béante où des crocs pointus se dressaient, prêts à engloutir la lumière. Ses pinces s’élevèrent devant Guillaume, telles deux faux d’outre-monde prêtes à récolter au-delà de la vie.
Les autres membres de l’équipe arrivèrent sur les lieux, témoins de la scène étrange. Guillaume semblait dialoguer avec une créature qui n’était visible que de lui. Ils comprirent que leur maître était au bord de la folie.
En communion avec l’incarnation ultime de l’Art Absolu, il s’agenouilla et leva son regard vers le ciel comme s’il était face à une apparition divine. Puis il disparut, happé dans la boue liquide, emporté par son obsession.
Son épée de Création fut récupérée à la surface de l’étendue boueuse, une œuvre d’art inachevée s’effaçant à ses côtés.
Observations spéculatives:
Chimaera Salvadordalis Raptum est certainement un Organisme benthique, vivant à la surface des sédiments. Cette chimère est Munie de neuf paires de pattes se terminant par une semelle pour limiter l’enfoncement. leur forme en coupelle facilite le déplacement de l’animal sur une surface poudreuse comme la vase.
(Ces pattes rappellent les jambes du véhicule spatial « LEM », utilisé dans le cadre du programme spatial américain Apollo.)Prédatrice carnassière, charognarde ou détritivore, elle est caractérisée par deux pattes ravisseuses garnies d’éperons effilés pour saisir des proies au corps mou.
(Ces pattes ravisseuses évoquent celles de la mante religieuse, ou des squilles .)On distingue une paire d’antennes courbées et dirigées vers l’arrière.
(Rapellants les fines moustaches du peintre du Salvador Dalí.)
Laisser un commentaire