
Je contemplais avec stupéfaction cette créature, posée telle une énigme sur la paillasse carrelée. Sa silhouette insolite, sa carapace hérissée d’épines, suscitait en moi une fascination mêlée d’effroi. Son corps était pourvu de deux pinces, dont l’une pouvait propulser, avec une précision redoutable, un harpon en forme d’ogive, relié à la pince par un ligament souple. Ses yeux, d’une mobilité remarquable, s’agitaient sans cesse, se déplaçant indépendamment dans toutes les directions.
Chimaera brachium harpoonis, ainsi se nommait cette créature, possédait des pattes agiles, lui conférant une aisance exceptionnelle dans les eaux tumultueuses. Son agilité et sa sagacité en faisaient une redoutable prédatrice, prête à tout pour capturer sa proie de manière brutale et sans pitié. Telle une ombre silencieuse, elle se dissimulait dans les profondeurs marines, ne laissant aucun indice de sa présence avant de surgir et d’harponner sa victime.
Tel un rétiaire des abîmes, cette créature démontrait une agilité implacable, rappelant les combattants les plus féroces des arènes romaines. Une fois sa proie capturée, elle la transportait vers son antre, triomphante, telle une victoire glorieuse qui nourrissait sa faim insatiable.
Monsieur Dhennin,
Je me présente, je suis le Président de l’association des chercheurs de trésors découverts. C’est une ancienne branche du Club international des chercheurs de trésor, présidé par le regretté Robert Charroux. Vous n’êtes pas sans connaitre, vous le chercheur émérite des abysses et des mers du globe, que le petit village de l’Aude, Rennes-le-Château, a été le lieu où l’abbé Saunière fit de fabuleuses découvertes. Si aujourd’hui, les fouilles sont interdites, et si certains illuminés continuent d’explorer le cromlech de Rennes-les-Bains, personne, à ma connaissance, n’a fait des prospections au bord des rivages de la mer Méditerranée. La rivière l’Agly s’écoule jusqu’à Port Barcarès juste au dessous de l’étang de Leucate ou de Sales. Certains spécialistes en étymologie sont partis explorer Leu Catmandou pour sa culture tibétaine, comme l’avait fait le nazi Otto Rahn qui avait exploré Monségur, le Tibet. D’autres se sont dirigés vers Leu Katanga, pour ses richesses minières. Ils sont revenus bredouilles. D’autres se sont promenés autour de la forteresse de la Salses sans obtenir aucun résultat, et certains plus astucieux sont partis pour Salzbourg à la recherche d’indice, car vous l’ignorez peut-être l’archiduc Louis Salvatore d’Autriche, qui pris le pseudonyme Jean Orth, disparu en mer vers la Patagonie et les environ du Cap Horn. Les gens du village de Rennes, ont toujours affirmé avoir entendu des étrangers parlés en allemand en novembre 1889 et février 1890. Il faut dire que l’Autriche des Habsbourg a toujours défendu la papauté et mis son veto pour empêché l’élection du cardinal félon Rampolla comme pape. De plus dans le livre de Jules Verne Clovis Dardentor, l’écrivain mentionne non seulement des noms proches du village, comme le Bugarach, la source du Cercle à proximité de Rennes-les-Bains, ou le port aux Poules rappelant la famille Hautpoul qui possédait le comté du Razès, mais l’histoire de l’archiduc de Habsbourg. Etonnant, non. Dirait Pierre Desproges. Nous savons que l’abbé Saunière avait un train de vie dispendieux, et recevait ses convives avec des mets venant du bout du monde, comme le rhum et les crustacés, etc.
Un soir, où plutôt par une nuit de pleine lune, j’ai pris mon courage à deux mains, où plus exactement une bouteille de rosé entre les mains, et armé d’une truelle j’ai gravi dans la colline en direction du belvédère entre les deux tours, celle Magdala et celle de l’orangerai. J ai déterré non des ossements comme l’avait Robert Charroux avec Noel Corbu, mais des pinces de crabes. Corbu avait acheté le domaine Saunière et l’avait transformé en restaurant. Les détritus étaient balancés sur le remblai là où Saunière avait créé son tas d’ordures.
Cher monsieur, je sollicite votre bienveillance et vos incroyables découvertes sur les arthropodes pour identifier les pinces de crabes que j’ai recueillies. Afin d’éviter des frais inutiles, je suis comme maitre Antifer à la recherche d’un indice gravé sur une pierre, qui se dissimule soit autour de l’Etang de Leucate ou soit vers la Patagonie. Je vous enverrai par email les photos des pinces de crabes.
Je prie d’agréer cher monsieur, à mes salutations distinguées.
Un jour, j’ai rencontré au marché, un monsieur qui achetait un crabe. Il avait un cheveu sur la langue, et m’a dit qu’il allait manger du scrabble.
Samuel Barbier
Monsieur, je m’adresse au spécialiste des arthropodes, et non à un spécialiste de l’arthrose, bien que je marchasse de plus en plus mal. Dans son Traité d’iconographie chrétienne, Barbier de Montault dresse une description des saints statufiés ou sculptés que l’on peut rencontrer dans les églises. L’une de ses statues de saint est accompagnée d’une banderole, symbolisant le zèle apostolique, d’un lis symbole de pureté, d’un crabe qui a rapporté son crucifix tombé à la mer, d’une vaisseau qui illustre le voyage du saint apôtre vers les Indes, d’un manteau avec le nom de Jésus, c’est-à-dire du costume des jésuites. Il s’agit de la statue de Saint-François-Xavier. Il fut un des compagnons de saint Ignace de Loyola, et fut envoyé en mission en Inde, en Indonésie, au Japon et en Chine. Il débarqua à Goa, et visita l’archipel des Moluques, c’est là qu’il perdit son crucifix. La Providence divine fit un prodige, puisqu’un crabe rapporta son crucifix alors qu’il était en train de prier au bord de la mer.
Mais est-ce le fruit du hasard, car la mère de François-Xavier apporta lors de son mariage avec Juan de Jasso le château de Xavier dans l’héritage familial, et bizarrement, le blason des seigneurs de Xavier possède le signe zodiacal du cancer, soit la lune et le crabe. Depuis, une espèce de crabe s’est développée et propagée dans les mers d’Halmahera, de Céram, des Moluques et d’Arafura, le « chimaera crucis Francisco Javier ». Il a la caractéristique de porter une forme de croix colorée sur le dos de sa carapace.
Cordialement.
François Lacroix
Monsieur, je suis une partisane du féminisme, une militante de la cause des femmes, et profite de votre site sur les crabes et les arthropodes, pour rappeler aux femmes et aux hommes, le comportement inadmissible de certains artistes qui avait autrefois bonne presse, avant que le féminisme ne dénonce le manque de respect des hommes envers les femmes et leur perversité à l’égard des femmes victimes de leurs agissements. Voici l’exemple ignominieux d’un performer ou d’un artiste qui raconta dans une revue artistique comment il est devenu un performer :
« A l’école primaire, on s’amusait avec l’histoire de pince-mie et pince-moi, pince-mie tombait à l’eau, il restait pince-moi qui permettait de pincer son camarade. A un âge plus avancée, j’ai une autre anecdote à vous raconter : ma mère acheta un crabe, et le vendeur de supermarché l’avait retiré du vivier. Je fis la même chose, je plongeais ma main dans ce vivier et me fit pincer par un crabe. J’avais pleuré et reçu une paire de baffes de ma mère. A l’âge adulte, je me suis enthousiasmé pour l’art Contemporain, et me mis à étudier tous les mouvements artistiques et les activités de cet art : la Performance. Elle est présente avec les premiers mouvements de l’art Moderne : les dadaïstes, les futuristes, les constructivistes, les surréalistes. J’étais médusé par les spectacles irrévérencieux et licencieux de ces artistes qui se faisaient trainer devant les tribunaux par les censeurs de la bonne morale bourgeoise. L’une des plus connue est la prestation d’Hugo Ball déguisé en sardine avec des pinces de crabes au bout des mains, au cabaret Voltaire à Zurich. C’est à la même époque que je fréquentais le Casino de Paris, et je devins un fan des meneuses de troupes. J’avais un faible pour ces femmes dénudées à plumes d’autruches, car après les guerres mondiales, vous pensez bien, que je ne pouvais supporter les défilés des troupes militaires. Je préférais les croupes des femmes aux troupes des hommes. Comme dans l’art Contemporain tout homme est artiste, je suis devenu du jour au lendemain un artiste. Je pris le nom de : Tate Line. Tatline était un constructiviste russe, et je fredonnais : Mon truc à moi….. Mes performances consistèrent à pincer la croupe aguichante des femmes en les interpelant par un prénom s’achevant en Line, Pauline, Jacqueline, Jocelyne, Marilyne, Micheline, Roseline, Adeline, Céline, Adeline, Pascaline. Ce truc me faisait monter l’adrénaline. Parfois, elles se retournaient en niant qu’elles ne se prénommaient pas par un prénom se finissant en Line, et je recevais une gifle que je parais adroitement de ma joue gauche ou de ma joue droite. Elle était rouge comme une écrevisse. Je liais ainsi le Body ‘art ou l’art Corporel avec ces performances, montrant la vitalité de cet art. Je fus même remarquer par des critiques d’art, et j’eus un article élogieux dans une revue d’art contemporain. etc… »
Oui, monsieur, tout ceci se déroulait juste après Mai 68. Aujourd’hui ce nigaud serait jugé, et après le mouvement Me Too, il serait probablement enfermé au mitard*. Je remercie toutes les femmes qui ont participé aux différentes vagues du mouvement féministe qui ont donné le mal de mer aux hommes irrespectueux de la condition de la femme. J’ai fait le serment d’écouter à l’avenir les conseils de ces femmes hors pairs. Heureuses les mortelles que l’adversité n’a pu abattre.
*Le mitard n’est pas un mouvement artistique comme le Pop’art, le Land’art, le Body’art, le Mec ‘art, le Street’art, mais un cachot. Ce performer qui chantait « Ma cabane au Canada » se retrouvera certainement dans une cabane à la prison de la Santé.
Sidonie de la Détumescence
Mon psychiatre m’a encouragé à pratiquer la poésie, comme monsieur Sansonnet qui vous a envoyé, monsieur Dhennin, des poèmes sur votre site. J’ai découvert des gens inconnus, comme monsieur la « grande saucisse. » Il m’a fait rêver, il m’a emporté vers des contrées ignorées, dans son Canada, c’est pourquoi avec l’aide des infirmiers, je vous envoie mon poème. Il s’inspire du poème « Ma bohème » d’Arthur Rimbaud. J’espère que vous serez indulgent et que vous ne rirez pas à la lecture de ce poème, car, comme me l’a expliqué mon psychiatre, nous avons besoin d’être reconnu pour essayer de conserver un sentiment de réalité et d’identité, bien que les autres soient une menace permanente.
Ma bohème double V.
Je m’en allais au centre bourg avec ma voiturette,
Mon esprit devenait idéal. Je croisais le bal musette,
Où les andouillettes se mêlaient aux grassouillettes,
Pensant davantage aux galipettes qu’à faire causette.
Les « amours splendides » de Rimbaud demandaient de la hardiesse,
Comme disait le pudibond se rhabillant devant sa maitresse,
Et en faisant son signe de croix.
Je ne les enviais pas de surcroit,
Car j’avais toujours froid au mauvais endroit.
Oh ! Là ! Là ! Que de belles voitures j’ai rêvé posséder !
Mon étoile était Mercédès,
Mon soleil m’adressait des vaines promesses,
Accompagnées de vagues prouesses.
Ma tête de linotte avait une large cavité,
Comme un trou de mémoire empli de morosité,
Je passais ma vie à poiroter dans l’oisiveté.
Comme Arthur Sansonnet, j’égrenais sur mon chemin
Des rimes sans lendemain, tirées de ma rêvasserie.
Mon estaminet était au bar de Sainte-James Infirmerie*
Je fredonnais cette complainte avec des paltoquets,
Toujours en quête d’identité, loin de toute réalité,
Ou je les écoutais assis au bord du comptoir,
Presque tous les soirs, en buvant des verres de rosée,
Comme faisaient les vieux avinés au teint rosé,
Ou mal-élevé, comme disait le tailleur du haut de son arbre perché,
Je braillais au milieu des ombres menaçantes des vivants,
Comme la vache de Maupassant parmi les orangs-outangs.
Mon quotidien n’en finit pas de s’écouler,
Comme dirait le faux-monnayeur
Qui n’arrivait pas à écouler ses faux billets d’amour.
Sans tunes, je ressassais mon infortune :
L’argent ne fait pas le bonheur, comme disait le voleur,
Qui faillit se noyer en nageant dans le bonheur,
Le malheur n’arrive jamais seul,
Comme dirait l’oiseau de mauvais augure,
Mazouté à l’hydrocarbure.
Mon auberge n’était pas à la grande ourse,
Mon logis n’était pas à la bourse,
Il était à Saint-Maboul House.
Mon esprit vaque dans les cavernes de l’involution,
Les fosses de la prostration, les grottes de la frustration.
Je nage à contre-courant dans le bouillon de la zombification.
Mes nuits, peuplées d’araignées et de crustacés,
Sont noires comme l’encre des seiches,
Et comme les chaussettes sèches de l’archiduchesse.
Un mauvais rêve me hante depuis l’enfance innocente.
Les « chimaeras brachium harpoonis» armées de leur harpon
S’alimentent de denrées succulentes,
Et convoitent mon vermisseau et mes glottes
Blotties au fond ma culotte,
Afin de décortiquer et savourer ma camelote.
Qu’ai-je fait pour être grignoter de cette façon ?
Comme dirait le malade sortant de la salle d’opération,
Je l’ignore comme dirait le savant sans spécification,
Car l’ignorance ne s’apprend plus sans formation.
De Sainte-Anne sur l’Aiguillon, je raye ton nom « évolution »,
On nous trompe avec l’idée de transformation, de mutation,
Comme dirait le singe descendant de son arbre
Pour apprendre à nager, comme un poisson.
Je suis le dindon de la farce de cette manipulation,
Comme dirait l’ange Cupidon.
La faridondaine, la faridondon.
Le « petite beurlute. »
Un résidant du Centre de Santé Mentale de Sainte-Gemmes-sur-Loire, et un colocataire de Mgr Landriot.
* Saint-James Infirmery est un titre de musique de jazz américain, interprété par King Oliver, Cab Calloway, Louis Amstrong, etc.
– Comme je l’ai écris dans mon dernier message, mon psychiatre m’a encouragé à pratiquer la poésie Pour la première fois, je suis allé à la bibliothèque du Centre de santé mentale, celui de Sainte Gemmes-sur-Loire, là où je suis interné. J’ai ouvert un livre d’un auteur inconnu : Alphonse Allais. Dans ce livre, il y avait un poème inédit* envoyé par madame de N… au chroniqueur. Il dépêchait régulièrement des historiettes dans les journaux et se moquait de ces contemporains. Comme on nous rabâche les même mots : diversité écologique, transition écologique, transition échographique, je n’en suis pas certain, transition énergétique, transit-intestinal, flore intestinale, barrière de corail qui disparait, après la disparition des trains corail et des garde-barrières, et bien d’autres mots dont je ne comprends pas la signification, comme la 4 jets ou 5 jets, la paix m-a ou la paix m’aima, ou le pet d’Emma, je ne sais vraiment plus ; j’ai ajouté quelque vers supplémentaires à ceux de cette dame que je n’ai pas connue, puisqu’elle repose dans un cimetière. Cette dame déploraient non les cannettes en aluminium, les sacs et les bouteilles en plastique qui jonchent nos trottoirs avec les crottes de chien, ni les traitements de pesticide, d’herbicide et de fongicide qui polluent les terres agricoles, puisque en 1900, ces objets et ces traitements n’existaient pas, mais elle déplorait les dégâts des animaux infligeaient aux fruits et aux légumes :
Les guêpes de vol et de lucre
Arrivent pour le melon et pour le sucre.
Le bourdon bruyant et grognon
A dévoré tous les brugnons.
L’essaim tumultueux et pillard des abeilles
A bu le cœur juteux des cerises vermeilles.
Mon chat gris, ce tigre raté,
A lappé ma tasse de thé.
Une limace orange, horrible catachrèse
A bavé sur les bonnes fraises.
Le frelon fusiforme, au cœur perfide et bas,
A pompé le bon chocolat.
Le rat, cette ville fripouille,
S’attaque à la grosse citrouille.
Le moineau du clos voisin
Picore l’âme d’or et d’ambre du raisin.
Puis, cynique, dépose sa fiente
Aux pétales de l’amaranthe.
Comme cette aristocrate ne résidait pas au bord de la mer, j’ai continué son poème avec les crustacés.
La mer que l’on voit dans les golfes clairs,
La mer génère des fines claires,
Que l’on peut déguster par temps clair,
A Marennes, le pays des araignes
De la musaraigne, de la châtaigne,
Des araignées de mer, et des tourteaux.
Ces crustacés sont mangés jusqu’à Saint Malo
Chantés par Mariano, et loués par les écolos.
Catastrophe, parfois, comme dans les contes,
Commençant par il était une fois,
La mer tempétueuse provoque des marées noires,
Plus sombres que la Forêt noire,
Et la barbe de Barbe-noire,
Car l’or noire attise l’esprit vénal,
Elles rendent inféconde toute ponte,
Et détruisent la faune animale.
Elles métamorphosent un ours polaire en ours des cocotiers,
Les stations balnéaires en station service,
Et rendent les plages ensoleillées hors-services.
Quel drôle d’atmosphère pour les abricotiers
Fleurissant dans une odeur délétère.
Elle provoque la colère du monde populaire,
Oui, c’est une sinécure et une galère
D’ôter ces hydrocarbures, et toutes ces ordures
Qui ont détruit l’ostréiculture et de pisciculture
Privant les autochtones de nourriture,
Et les touristes de villégiature.
Dans la baie de Cancale, les huitres très amicales,
S’avalent pour satisfaire notre fringale.
Mais je n’irais jamais à Harponville,
Ni à Nashville et ni Brazzaville,
Là où est né Jeanne Poisson, la marquise de Pompadour,
La favorite du roi Louis XV, servant de canasson,
Mon aliénation m’empêche d’être un troubadour,
Et avec ma voiturette, je ne roule pas à toute berzingue
Car, comme vous le savez, mes cauchemars sont hantés,
Par la « chimaeras brachium » armées de son harpon.
La Petite beurlutte.
*Poème écrit en 1902 – Tout Allais – Tome V – Edition La Table ronde 1968